Besoin d'aide pour gérer tes émotions ou (re)trouver confiance en toi ?
En voilà un sujet peu joyeux qui pourtant fait partie intégrante de la vie ! Il est vrai que l’on parle très souvent du deuil d’un enfant, d’un parent, d’un frère et d’une sœur mais d’un point de vue adulte !
En cette journée spéciale pour moi, je souhaitais partager avec vous cette notion lorsqu’un tel drame se produit alors que la fratrie est encore enfant. Avant de vous livrer mes conseils, il est tout d’abord important de comprendre la relation qu’un enfant entretient avec la mort.
Qu’est-ce que la mort pour un enfant ?
Depuis de nombreuses années, les scientifiques se sont penchés sur cette question, notamment en psychologie du développement et la mort est une notion que l’individu intègre progressivement.
Entre 0 et 5 ans
Même s’il convient d’admettre que dans les premières années de vie, les bébés sont probablement incapables de conceptualiser la mort, ils sont capables toutefois de ressentir l’absence d’un frère (ou d’une sœur) décédé. En effet, durant cette phase de vie se développe la notion d’attachement, une base sécurisante permettant à l’enfant de continuer ses apprentissages.
Vers 2-3 mois, le bébé comprend qu’il est distinct des autres. Entre 3 et 7 mois, il est capable de reconnaître les émotions via des canaux spécifiques (le visage, la voix etc …). Ainsi, dépourvus de langage, les touts-petits peuvent commencer à reconnaître la mort sans pour autant être nécessairement capables de mettre les mots sur ce qu’ils ressentent.
Entre 2 et 5 ans, l’enfant va progresser dans son apprentissage cognitif. Il va prendre conscience de son rôle et de son appartenance à un cercle. Il va maîtriser de mieux en mieux ses émotions face aux autres. Ainsi, va se développer la théorie de l’esprit ; c’est-à-dire la capacité à anticiper les réactions des autres face à une action précise. A cet âge, l’enfant peut commencer à conceptualiser la signification de la mort avec l’aide d’un parent. Toutefois, cette compréhension sera limitée.
Il est important de comprendre que les enfants de cet âge pensent de façon concrète et littérale. Ce qu’ils voient existe et existera toujours. La » pensée magique » est une caractéristique fondamentale à cette période. Je me souviens d’une réflexion de mon filleul alors âgé de 5 ans, qui lors du décès d’un de mes chats me dit : » T’inquiète pas marraine, je vais aller chercher ton chat au paradis des chats et je vais te le ramener « . Cet exemple traduit parfaitement la relation que les enfants d’âge pré-scolaire entretiennent avec la mort.
Entre 6 et 12 ans
A partir de 6 ans, l’enfant scolarisé va comprendre de plus en plus de choses. Il va développer de nouveaux traits de personnalité et ressentir des émotions telles que la culpabilité, la honte, etc. Alors que l’estime de soi est au départ positive, cette dernière va devenir de plus en plus nuancée. En cause : les résultats scolaires, les attentes des parents, le jugement de ses pairs et sa propre auto-évaluation.
Ces enfants commencent à comprendre le caractère irréversible et universel de la mort. Mais pour eux, elle touche surtout les personnes âgées et les malades. Ainsi, lorsque le décès d’un frère ou d’une sœur arrive durant cette phase de développement, cela peut être d’autant plus effrayant pour lui, l’obligeant à affronter la réalité que la mort n’est pas un sort réservé exclusivement à une catégorie.
Le sens moral étant en progression, il n’est pas rare qu’un enfant croie que son frère ou sa sœur a été tué parce qu’il l’a souhaité ou qu’il s’agit d’une punition pour son mauvais comportement. Même si à cet âge l’enfant est capable d’exprimer assez facilement sa tristesse ou sa colère, il ne possède pas nécessairement la sophistication intellectuelle pour reconnaître son rôle lors d’un décès.
Vers l’âge de 8-9 ans, la vision de la mort se rapproche énormément de celle d’un adulte. Entre 8 et 12 ans d’ailleurs, la notion de l’avenir et tout ce qui s’y rattache commence à s’installer et prendre une importance particulière. Ils comprennent que le décès d’un frère ou d’une sœur signifie un avenir sans cette personne mais également qu’eux-mêmes peuvent mourir.
Le deuil et les réactions de l’enfant
Le deuil n’est pas un événement ; c’est plutôt la façon dont nous vivons les séquelles émotionnelles, mentales, physiques, sociales et spirituelles. Même s’il convient d’admettre que nous sommes tous différents face à la perte d’un être cher, Elizabeth Kubler-Ross a modélisé le processus du deuil en 7 étapes dans son livre « On Death and Dying » à la fin des années 60.
Les 7 étapes du deuil
Après la phase du choc et du déni à l’annonce de la perte intervient le stade de la douleur et de la culpabilité. Cette étape est la plus chaotique et effrayante car il y a une prise de conscience que la perte est bien réelle. D’intenses sentiments de remords apparaissent, comme si nous nous sentions responsables de ce décès.
Puis viennent la colère et le sentiment d’injustice ressenti face à l’épreuve que nous vivons. La 4ème phase s’appelle le marchandage. A ce stade, nous nous sentons frustrés et sommes plus enclins à blâmer les autres pour la perte subie. N’acceptant toujours pas cette réalité, une sorte de négociation s’engage et nous cherchons les moyens pour inverser cette situation et la compenser.
Petit à petit, même si nous ne sommes pas en mesure d’y faire face, nous acceptons la perte entraînant dépression et perte de moral. Durant cette période, nous ne voyons pas comment atténuer cette immense souffrance et continuer à vivre normalement. D’ailleurs, beaucoup de personnes n’arrivent pas à dépasser ce stade et il est alors nécessaire de consulter un professionnel pour être aidé. Enfin, arrive les phases de reconstruction et d’acception.
Chez l’enfant
Chez l’enfant, le processus du deuil peut se manifester de différentes façons selon l’âge durant lequel le décès d’un frère ou d’une sœur intervient. Plusieurs facteurs peuvent influencer ses réactions, ainsi que différents mécanismes internes et externes. Les parents croient souvent que les jeunes enfants ne sont pas touchés par le deuil.
Chez les nourrissons, les pleurs restent la réaction la plus significative face à l’absence du parent endeuillé et au changement de routine engendré. Ils peuvent également crier de colère, perdre l’intérêt pour la nourriture et les jouets ou éprouver des troubles du sommeil.
Entre 2 et 5 ans, il n’est pas rare de noter une régression au niveau comportemental (incontinence urinaire ou intestinale, retour au sein, reprise du doudou ou du pouce, etc.). Ils peuvent également piquer des colères, devenir agressifs envers les autres enfants ou crier.
Entre 6 et 8 ans, pensant que la mort n’est pas définitive, l’enfant peut poser sans cesse les mêmes questions, parfois même en parler avec un certain détachement. Puis petit à petit, va s’installer une profonde tristesse avec beaucoup de pleurs. L’enfant peut, au contraire, exprimer une indifférence. Comme je l’indiquais plus haut, il peut ressentir une certaine culpabilité en pensant qu’il est responsable du décès de son frère ou de sa sœur.
Entre 8 et 12 ans, les enfants sont davantage capables de s’exprimer mais la confusion des sentiments peut entraîner un blocage dans leur capacité à verbaliser ce qu’ils ressentent. Ainsi, différents comportements peuvent apparaître : pleurs, irritabilité, isolement, perturbations ou régression. A l’inverse un enfant de cet âge ne montrant aucun signe, peut traduire la volonté de protéger les parents en leur enlevant le fardeau de son propre deuil ou d’attendre que la famille aille mieux pour libérer son chagrin.
Comment les aider ?
Ce qu’il convient d’admettre c’est que chaque enfant, comme chaque adulte, vit le deuil d’un frère ou d’une sœur de manière unique. Etant plus difficile pour eux d’exprimer leurs pensées ou de verbaliser les émotions, les enfants vont passer par la voix de l’agir.
Lors du décès d’un enfant, les parents accablés par le chagrin, éprouvent souvent des difficultés à maintenir leur rôle de parent. Cela plonge alors le ou les enfants survivants dans le doute quant à ce qui se passe et à ce qu’ils devraient faire. Parfois, ils peuvent même devenir la cible de la colère d’un parent. A l’inverse, de peur de perdre un autre enfant, les parents ont tendance à surprotéger le ou les enfants survivants. Ainsi, la réaction d’un enfant face au décès d’un membre de la fratrie, dépend inévitablement de ses interactions avec les parents et son environnement familial.
C’est pourquoi, pour aider un enfant à surmonter son deuil, voici quelques conseils :
Soyez ouvert aux sentiments de l’enfant
Encouragez-le à exprimer librement ses pensées et sentiments, s’il est en âge et en capacité de le faire. Chez les touts-petits, adoptez un mode de communication comportementale en touchant l’enfant, en le tenant dans vos bras ou en le caressant pour le sécuriser.
Même si cela peut être difficile, n’ayez pas peur des larmes et ne bousculez rien. Demandez-lui comment il se sent et rassurez-le lorsqu’il confie ses craintes. Restez à l’écoute de ses questions, répondez-lui de manière adaptée à son âge. Même si un enfant semble avoir compris les explications données, il se peut qu’avec l’âge d’autres questions lui viennent.
Comprenez et acceptez que parfois face à des sentiments trop durs, l’enfant les remplacera par des sentiments plus faciles à gérer. Ainsi, il n’est pas rare de voir un enfant rire pour des choses qui n’ont rien de drôles. C’est un moyen pour lui de composer avec ses émotions.
Prenez le temps de jouer ensemble
Les enfants communiquent souvent leurs sentiments les plus profonds par le jeu. C’est une occasion de les aider à exprimer leurs sentiments au travers des jouets. Par exemple, on pourrait dire » ta poupée s’est fâchée quand son frère est parti » ou » ta poupée pleure, pourquoi est-elle triste ? « . Ces interactions encouragent l’enfant à commencer son processus de deuil.
Parlez du décès
Mais ne répondez qu’aux questions posées de manière honnête et adéquate à son âge. Comme les adultes, les enfants peuvent éprouver de fort sentiments contradictoires face à la mort. Ils peuvent s’entêter à dire que son frère ou sa sœur est vivant.
Aidez-le à comprendre que la mort elle-même ne fait pas mal et que la famille pleure car elle a de la peine. Selon la circonstance du décès, il est parfois nécessaire d’expliquer à l’enfant que parfois les gens font les mauvais choix et que c’est cette personne qui est responsable de cette disparition.
N’hésitez pas à tenir un journal de toutes les questions posées par l’enfant et les réponses apportées et demandez à chaque membre de l’entourage de l’enfant de tenir un discours similaire.
N’oubliez pas que les enfants donnent généralement un sens concret à ce qu’on leur dit. Il faut donc faire attention de ne pas leur faire peur. Ne dites donc pas par exemple que la mort « c’est un peu comme s’endormir » car l’enfant peut avoir peur de mourir en s’endormant. Ne dites pas non plus que son frère ou sa sœur est » parti pour longtemps » car il va se sentir abandonné et croire qu’il ou elle reviendra un jour.
Permettez aux enfants de participer à l’enterrement
C’est souvent une grande question qui fait débat dans les familles endeuillées. Toutefois, participer aux funérailles permet à l’enfant d’appréhender la réalité du décès et de commencer à intégrer cette perte.
Avant les funérailles, il est important de donner une chance aux enfants de voir le cercueil (voire le corps) uniquement s’il le souhaite afin de faire des adieux à sa façon. Prenez le temps d’expliquer ce qui se passera aux funérailles, de répondre à leurs questions.
Trouvez des moyens de commémoration
Si le ou les enfants n’ont pas assisté aux funérailles, n’hésitez pas à leur proposer de venir au cimetière pour se recueillir, et pourquoi ne pas organiser une mini cérémonie en présence d’un prêtre.
Les visites au cimentière aident à contrer l’évitement, le déni et la suppression des émotions difficiles. La tristesse déclenchée par la visite pourrait aider l’enfant à progresser dans son deuil car les enfants ont besoin de moyens concrets de s’exprimer. Ainsi, leur proposer d’apporter des fleurs, des lettres ou autres cadeaux sont d’excellents moyens.
Pensez à inclure le défunt durant les Fêtes
Comme nous les adultes, les enfants seront particulièrement conscients de l’absence de leur frère ou sœur durant les fêtes et ils voudront trouver des moyens de l’inclure dans les festivités. Même si l’envie n’est pas là, n’oubliez pas qu’il est important de maintenir les traditions car pour les enfants, elles représentent le passage du temps.
Protégez les enfants de l’effondrement émotionnel des parents
Les enfants sont capables de composer avec la tristesse, la solitude et la colère. En revanche, lorsqu’ils en sont témoins, surtout chez les parents, ces sentiments vont les plonger dans l’angoisse et l’insécurité. Tenez-les le plus possible à l’écart des crises familiales et demandez-leur ce qu’ils pensent de votre tristesse lorsqu’ils en sont témoins.
Prenez soin de vous
N’oubliez pas que derrière un enfant endeuillé se trouve un ou des parents en deuil également. Prendre soin du ou des enfants survivants est un travail long et difficile et chaque deuil avancera à son propre rythme. Ainsi, la meilleure chose à faire pour aider son ou ses enfants est d’aborder son propre deuil de façon saine. Faites-vous aider si nécessaire, participez à un groupe d’aide pour les victimes ou tenez un journal.
Sources : www.madd.ca
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