Cette semaine, zoom sur une thérapie méconnue mais qui pourtant a fait son entrée en France depuis plus de 10 ans : l’EMDR ! Le “Eye Movement Desensitization and Reprocessing ” a été découvert par hasard en Californie par la psychologue américaine, Francine Shapiro en 1987.

Dans cet article, découvrez pourquoi et comment l’EMDR est-il si efficace ?

Qu’est-ce que l’EMDR ?

Reconnue en 2004 par l’American Psychiatric Association, cette thérapie est classée au même rang que la thérapie cognitivo-comportementale (TTC). Elle est notamment utilisée dans les cas de syndromes de stress post-traumatiques mais son champ d’application reste très large.

En effet, grâce à un procédé simple, l’EMDR va stimuler un mécanisme neuropsychologique complexe. Ce dernier est présent en chacun d’entre nous, et permet de retraiter les vécus traumatiques non digérés, qui sont à l’origine de divers symptômes, tels que les phobies, les attaques de panique, les angoisse, etc…

Selon Emmanuelle Dobbelaere, psychologue parisien, ” lorsqu’une personne est très bouleversée par un événement difficile, son cerveau n’intègre pas l’information comme il le ferait en temps habituel. La situation difficile se cristallise, se bloque. Ainsi dès que la personne y pense, elle revit les émotions et les sensations pénibles souvent avec la même intensité qu’au moment de l’événement. A long terme, ces souvenirs « figés » dans le cerveau risquent d’avoir des effets néfastes.

D’après les recherches de Francine Shapiro, l’information liée au traumatisme serait stockée de manière fragmentée au niveau cérébral, et ces différents fragments (les images, sons, odeurs…) ne seraient pas reliés entre eux. Ce phénomène empêcherait donc l’intégration ou ” digestion” du trauma dans la mémoire.

L’EMDR est une technique qui va agir directement sur le fonctionnement neurologique en rétablissant la capacité du cerveau à traiter l’information.

Comment se déroule une séance ?

Avant

Tout d’abord, il convient de préciser qu’une séance dure entre 60 et 90 min.  Du fait de l’effet puissant de cette thérapie sur le psychisme du patient, certains cas nécessitent des séances de préparation préalables.

Les entretiens préliminaires permettent de construire une relation thérapeutique de confiance avec son praticien ; identifier avec lui une problématique actuelle et les souvenirs traumatiques à l’origine des difficultés ; et enfin de mettre en place des outils psychocorporels de stabilisation émotionnelle qui peuvent être utilisés en cours de séance ainsi que de manière autonome entre les séances.

Pendant

Le praticien demande au patient de se concentrer sur le souvenir traumatique. Il va s’agir, pour lui, de revivre l’événement, en gardant à l’esprit les aspects sensoriels les plus perturbants (image, son, odeur, sensation physique), ainsi que les pensées et ressentis négatifs associés. Lorsque le patient est prêt, le thérapeute pratique alors des séries de stimulations bilatérales, alternées et rapides.

Entre chaque série, le patient va décrire ce qui lui vient à l’esprit en repensant de nouveau à l’événement. Il n’y a aucun effort à faire pendant la stimulation pour obtenir des résultats efficaces. L’événement se retraite spontanément. Toutefois, cela va être différent pour chaque personne selon son vécu, sa personnalité, ses ressources, sa culture.

Lorsque l’évocation du souvenir a perdu de sa vivacité, le thérapeute va alors entamer la 2ème phase du traitement. A l’aide des mêmes stimulations, ce dernier va aider le patient à associer ce souvenir à une pensée positive, constructive ou encore pacifiante.

Les souvenirs perturbants identifiés vont ainsi être retraités, un à un. Il faut parfois plusieurs séances pour traiter un seul souvenir. Pour les enfants et selon leur âge, le traitement peut se faire en présence de leurs parents.

Et après ?

Même si durant la séance, le patient va traverser des émotions intenses ;  en fin de séance, ce dernier va généralement ressentir une nette amélioration. En effet, après une session d’EMDR, les images, les sons, les sensations et les émotions envahissantes initiales ne sont plus réactivés lorsque la personne repense à l’événement. Le patient se rappelle encore de la situation, mais sans la détresse intense qui était associée.

Découvrez l’expérience de Marie, l’une de mes amies

Marie est une jeune femme de 30 ans. Suite à un burn-out, elle souffrait de crises d’angoisse depuis près d’1 an. Incapable de prendre les transports en commun ou de participer à des événements culturels, Marie préférait désormais rester chez elle la plupart du temps. Souhaitant sortir de ce cercle vicieux, elle décida de consulter une praticienne EMDR. Voici son témoignage :

Ses débuts

” J’ai connu ma praticienne sur les conseils de ma pharmacienne. Sophrologue et hypnothérapeute, ce n’est que lors d’une première séance d’hypnose que ma thérapeute me parla d’EMDR. Selon elle, mes crises d’angoisse pouvaient être déprogrammées grâce à cette thérapie. Elle m’expliqua le procédé et les éventuelles conséquences telles qu’une grande fatigue, des maux de tête, etc. Le rendez-vous était pris pour la semaine suivante.”

Sa 1ère … et unique séance

” Le jour J, un peu angoissée, ma thérapeute me demanda de lui expliquer comment se manifestaient mes crises d’angoisse. Quand et à quelle occasion était arrivé la 1ère ? Qu’est-ce que je ressentais à ce moment-là ? Au niveau de mon corps, de mes émotions, de mes peurs …

Une fois ma plus grande peur détectée, elle me demanda de fermer les yeux et de repenser au jour où je fis ma pire crise d’angoisse. Et là gros blocage. J’étais complètement paniquée à l’idée de revivre une situation que je m’efforçais d’éviter depuis près d’1 an ! En pleurs, impossible pour moi de visualiser ce tramway, de ressentir le fait d’être bloquée pour sortir, de voir toutes ces têtes proches de la mienne. Ma thérapeute prit alors le temps de me rassurer et de me relaxer.

Après quelques minutes, je repris l’exercice. Et là miracle, cette scène me vint à l’esprit. Mon corps se tétanisa, ma respiration s’accéléra, une boule dans la gorge arriva, j’étais dans le tramway. Une fois prête, j’ouvris les yeux et suivis du regard un bâton pendant quelques minutes.

Pendant que mes yeux se balançaient de gauche à droite, je devais penser à l’événement en me répétant la phrase ” J’ai peur de (chut, c’est secret !) “. Petit à petit, mon corps devenait moins tendu et les sensations moins fortes. Au bout d’un moment, je n’arrivais même plus à visualiser la scène en question.

Enfin, ma thérapeute me demanda ce que j’aurais aimé pouvoir me dire il y a 1 an et qui aurait suffi à me calmer. La 1ère phrase qui me vint à l’esprit fût ” ça va aller “. Ainsi, durant les 5 sessions suivantes, je devais suivre à nouveau ce bâton en me répétant sans cesse ” ça va aller ”

Et depuis ?

” Deux jours plus tard, j’ai tenté l’expérience de prendre à nouveau le tramway. Et là je ne vous dis pas mon étonnement ! Aucune peur en le voyant arriver, aucune pensée, aucune sensation !!! Le tramway était pourtant bondé de monde mais j’ai été capable de monter dedans ! Pendant le trajet, toujours rien ! C’est comme si j’étais là sans être là finalement ! Face à cette 1ère expérience, j’ai retenté par la suite et à plusieurs reprises de reprendre les transports en commun, et plus rien !! C’est épatant et depuis je revis ! ”


Sources : www.emdr-france.org


 

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